- resquiller
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1 ♦ Entrer, se faufiler sans payer (dans un spectacle, un moyen de transport).2 ♦ Obtenir une chose sans y avoir droit, sans rien débourser. ⇒ carotter, écornifler.3 ♦ Passer avant son tour, dans une file d'attente.II ♦ V. tr. Fam. Obtenir (qqch.) en resquillant. Resquiller une place de cinéma. ⊗ CONTR. Payer.resquillerv. tr. et intr. Profiter, par son adresse, de qqch, sans y avoir droit, sans le payer.⇒RESQUILLER, verbeFamilierA. — Empl. intrans. Se faufiler dans un spectacle, dans un moyen de transport, dans une file d'attente, sans attendre son tour ou sans payer sa place. S'il faut faire queue pour payer les impôts, pour obtenir (...) une carte de sucre, ou un dîner dans le wagon-restaurant, chacun prend son rang et malheur à qui essaie de resquiller (MAUROIS, Journal, 1946, p. 68).B. — Empl. trans. Resquiller qqc. Obtenir quelque chose sans y avoir droit, sans payer. Resquiller une place de cinéma. Manuel, ses lignes établies, faisait le tour du village pour resquiller des camions, son chien derrière lui (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 846).Prononc.: [
], (il) resquille [-kij]. Étymol. et Hist. 1. 1910 intrans. « outrepasser son droit » (arg. des marins d'apr. ESN.); 1939 (MONTHERL., Lépreuses, p. 15); 2. 1910 trans. « obtenir sans payer » (arg. des marins d'apr. ESN.); 1918 arg. milit. (ds ESN. Poilu, p. 464: il avait resquillé tout le reste du litre); 1924 resquiller une place dans une auto (ds ESNAULT, Notes compl. Poilu). Empr. au prov. resquilla « glisser, faire un faux-pas » (MISTRAL), dér. de esquilha « glisser, fuir, s'échapper; s'esquiver », lui-même dér. de quilho, v. quille.
DÉR. 1. Resquillage, subst. masc., fam. Synon. de resquille (infra). Supposé qu'il existe une personne assez sotte pour croire qu'il s'était agi là d'un resquillage, d'une manœuvre de sacristain, sournoise et honteuse, on la confondra (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 1041). — []. — 1re attest. 1936 id.; de resquiller, suff. -age. 2. Resquille, subst. fém., fam. Action de resquiller; avantage obtenu en resquillant. L'apologie du système D ou de la resquille (WILBOIS, Comment fonct. entr., 1941, p. 53). En resquille. On s'engueule dans le tramway (...). Les femmes sont plus râleuses encore que des moutards. Pour un billet en resquille, elles feraient stopper toute la ligne (CÉLINE, Voyage, 1932, p. 298). — [
]. — 1res attest. a) 1924 « action de resquiller; avantage obtenu en resquillant » (d'apr. ESN.), 1932 billet [de transport] en resquille (CÉLINE, loc. cit.), b) 1930 arg. milit. « action de se soustraire aux corvées » (61e Art. d'apr. ESN.: N., roi de la resquille); déverbal de resquiller.
resquiller [ʀɛskije] v.ÉTYM. 1910, v. tr.; Dauzat le signale, en 1915-1916, à Salonique, dans l'argot des marins, au sens de « s'esquiver du bord » (Argot de la guerre); « outrepasser son droit », v. 1910; provençal resquilia « glisser », nombreuses variantes dans les dial. méridionaux, rattaché au rad. germanique kegil « quille », par une évolution obscure (Wartburg), ou de s'esquiller « s'enfuir », en provençal « glisser », comp. de quilles « jambes » (Guiraud).❖1 V. intr. (1927). Entrer, se faufiler sans payer (dans un spectacle, un moyen de transport, etc.). — Par ext. Obtenir une chose sans y avoir droit, sans rien débourser. ⇒ Écornifler.0 Les femmes sont plus râleuses encore que des moutards. Pour un billet en resquille, elles feraient stopper toute la ligne (de tramway).Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 219.2 V. tr. Obtenir (qqch.) en resquillant. || Resquiller une place de cinéma.❖CONTR. Payer.DÉR. Resquille ou resquillage. — (Du même rad.) Resquilleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.